jeudi 6 mars 2008

Égalité des sexes

On découvre que c’est une duperie dès ses premiers frottements avec le monde du travail.

Moi, je l’ai appris autrement.

La tête de mon mari quand je lui ai annoncé ma promotion.

Ascension professionnelle, admission au conseil d'administration, augmentation, bureau luxueux, bref un saut rondelet.

De cela, je me me suis vue gratifiée d’une grimace perlée de grommellements à peine contenus, suivis de cette réflexion hostile et sotte : “À ce rythme je vais bientôt pouvoir arrêter de travailler”.

Pas besoin d’être philosophe, anthropologue ou voyant pour découvrir d’où pouvait venir cette taciturne manifestation d’admiration. Du cal'çon. Là où pieute plus ou moins sagement l’équipement masculin qui génère une alchimie hormonale propre au genre, laquelle conduit à un axiome rudimentaire qu’aucun étalon de bonne foi ne saurait contester : “moi plus que toi”.

D’une logique implacable.

Cet impétueux homme d’affaires à succès se voyait pour la première fois confiné à la place de second. La mienne d’avant. Celle que m’imposait mon antérieure situation professionnelle, dont mon mari manifestait au passage assez peu d'orgueil car selon lui, je pouvais et surtout je devais prétendre à mieux.

Oui, à mieux, mais avec l’interdiction tacite de franchir un seuil critique jalousement surveillé : celui qui marquait la différence entre lui et moi.

Celui dont on feint d’ignorer l’existence quand on se prête à cet illusoire babillage contemporain qui prétend célébrer le couronnement de l’égalité des sexes.